Le discours de Laval et les Chantiers de Jeunesse

Pierre Laval

 

 

Devant le peu d'empressement mis à répondre aux convocations, Laval durcira le ton dans un discours du 5 juin :

"Pour mettre un terme à l'arbitraire et à l'injustice, j'ai décidé d'appeler la classe 42 sans exception... il en est jusqu'à ce jour qui se sont dérobés à leur devoir... les défaillants, je tiens à le répéter, ne seront pas des profiteurs. Des instructions ont été données et des mesures rigoureuses seront prises - même contre leurs familles ou des complices - qui les mettront dans l'impossibilité de se soustraire longtemps à un devoir qui s'impose à tous".

Les Chantiers de jeunesse sont à leur tour touchés par ces mesures. Fin juin 1943, 400.000 Français, du fait du zèle intempestif des préfets, des maires et de la police, avaient été emmenés en Allemagne, contraints et forcés. La plus grande partie issue de milieux laborieux n'avait pu, dans un état policier, sans relations, privés de cartes d'alimentation, trouver l'échappatoire. Que ceux qui, aujourd'hui, clament "ils n'avaient qu'à pas partir" se remémorent les circonstances du moment. C'est à eux qui parlent également de passivité que nous dédions cette photo qui nous a été confiée par un Combattant Volontaire de la Résistance, outré de ces assertions calomnieuses.Wagons

A ceux qui prétendent que les trains de la Déportation du Travail étaient de joyeux convois, nous dédions cette photo prise en gare de Tarbes. Elle nous a été transmise par M. Benezech, Secrétaire des Combattants Volontaires de la Résistance des Hautes-Pyrénées..."LAVAL AU POTEAU", voilà quel était notre cri !

 


 

"Le peignage" des entreprises (loi du 1er février 1944)

Les besoins de l'Allemagne en main d'oeuvre se font de plus en plus pressants, alors que les ordres de réquisition en France se heurtent à une résistance accrue due au développement des maquis.

Saückel exige un élargissement aux trois classes 40, 41 et 42. Ce sera l'objectif de la loi du 1er février 1944 qui étendra la réquisition à tous les hommes de 16 à 60 ans. On procédera au peignage des entreprises sans grand succès bien que certains patrons aient largement collaboré.

Les rafles, elles, s'intensifient. Fin mars, une circulaire du délégué pour la zone nord du secrétariat général au maintien de l'ordre décrète : "Tous les hommes âgés de 18 à 45 ans seront présumés suspects ou dirigés sur un centre de triage".

Peignage, rafles, recherche des réfractaires n'offriront dans le 1er semestre 1944 que 40.000 hommes... l'Allemagne en espérait 273.000 !

Il aura fallu le débarquement pour que reste lettre morte la demande de Saückel du 6 juin de mobiliser la classe 1944 en son envoi en Allemagne.

En résumé, au travers des diverses actions menées par Saückel, ce sont 650 000 Français que Vichy aura contribué à déporter pour le travail forcé.